Lardy : résultats financiers 1er semestre ou le fameux "ce n'est pas la crise pour tout le monde"... + quelques réponses suite CSE juillet

Actualité du 31/07/2023

Les résultats financiers du 1er semestre viennent d’être annoncés hier en grande pompe par L. de Meo.

En résumé :

  • 2 milliards d’euros de profits en 6 mois
  • une marge opérationnelle à 7.6% (pour un objectif initial à  6%)
  • et une « réserve de liquidité » de 16.8 milliards d’euros...

Alors, on sable le champagne ?

Bien sûr que non ! Parce que tout cela se fait sur le dos des salariés qui subissent :

  • des cadences infernales dans certaines usines et du chômage partiel (financé par l’Etat et leurs congés) dans d’autres
  • les conséquences de nombreux départs dans l’ingénierie et la production
  • la « vente » de 10 000 salariés de Renault (en Espagne, en Roumanie, au Brésil, etc.) à une nouvelle société Horse (détenue à moitié par le constructeur chinois Geely) et le transfert prochain de 10 000 autres salariés vers 4 filiales dédiées à l’électrique (Ampere SAS, Ampere Cléon, Ampere Electricity, Ampere Software Technology)
  • une brutale restructuration du secteur automobile dont les incertitudes pèsent sur les emplois et les reconversions  (il n’y a qu’à penser à l’annonce récente de la fin de production avancée de la Zoé à Renault-Flins qui entraînera des centaines de suppressions d’emplois puisqu’il s’agit du dernier véhicule produit dans cette usine).

Les grands actionnaires peuvent toujours fêter les milliards de profits à court terme, les salariés sentent bien que les mois et années à venir sont lourds de menaces et qu’il faudra qu’ils réagissent collectivement pour défendre leurs intérêts.

Voici quelques également quelques éléments issus du CSE de juillet concernant la découpe du Groupe et les conséquences pour les salariés :

  1. Mobilités avant la création d’Ampere (transfert des contrats de travail le 1er novembre 2023) :

Dans certaines RUET, la hiérarchie a indiqué en juin que les mobilités étaient bloquées afin de figer les effectifs avant la découpe Renault-Ampere alors prévue début octobre. Quand nous avons interpellé la direction fin juin, elle nous avait répondu que les mobilités n’étaient pas bloquées et qu’il ne s’agissait que d’un problème d’enregistrement administratif des mobilités (pas de mobilités en août donc pas de validation « administrative » des mobilités en septembre, etc.). Cela ne nous avais pas convaincu ! Maintenant que le transfert vers Ampere est décalé à novembre, ces raisons n’ont plus lieu d’être. Mais la réponse de la direction de la semaine dernière laissait planer un doute : « les salariés peuvent émettre leur souhait d’une mobilité, la fonction RH étudiera la possibilité de la faire avant le 1er novembre » !

Toutefois, le message officiel de la direction (sous minutes CSE), c’est que les mobilités ne sont pas bloquées. Si vous voulez engager une mobilité et que votre hiérarchie ou RH vous indique que ce n’est pas possible avant le 1er novembre, il faut contacter rapidement un élu CGT : mail cgt.lardy@renault.com

  1. Mobilités après la création d’Ampere (après le 1er novembre) :

La direction indique que les mobilités entre Ampere et Renault (ou entre Renault et Ampere) s’effectueront de la même façon qu’actuellement entre filiales (par exemple entre Renault et Alpine) : novation du contrat de travail (proche d’un avenant du contrat) qui permet de maintenir l’ancienneté et évite de démissionner pour se faire embaucher dans l’autre entreprise. Cela prend la forme d’une convention tripartite de mutation concertée « intra-groupe » entre le salarié, son ancienne entreprise et la nouvelle.

Le direction promet que la découpe du groupe n’entraînera pas de dégradation de la « fluidité » des mobilités. Sur le terrain, les mobilités entre directions d’une même entreprise sont déjà compliquées, nous pensons donc que la découpe va encore empirer les choses. Les élus CGT seront présents pour que les salariés n’en payent pas les conséquences : n’hésitez pas à les contacter en cas de problème à ce sujet.

  1. Création de Horse au 1er juillet : les premières conséquences pour les salariés Horse… et pour certains salariés Renault qui travaillent avec eux

Beaucoup ont remarqué que les mails des salariés de Horse étaient clairement identifiés par l’apparition de la mention « (HORSE) » après leur nom depuis le 1er juillet. Mais d’autres conséquences se sont faites sentir comme la coupure de leur accès à certains logiciels partagés avec Nissan (notamment ARAS) ou à certains sharepoint. D’autres conséquences touchent directement les salariés Renault : par exemple, le passage par un code « offusqué » pour protéger la propriété intellectuelle de Renault pour les stratégies partagées entre Thermique et Electrique. Cette nouvelle étape de codage des softwares entraîne des délais supplémentaires.

La direction assume cette perte de « fluidité » en promettant qu’il n’en sera rien au sujet des relations Renault-Ampere puisqu’Ampere sera une filiale (c’est-à-dire détenue à plus de 50% par Renault) alors qu’Horse est une co-entreprise (avec Geely et probablement bientôt avec Aramco). Ainsi, il n’y aurait pas de mention « (AMPERE) » après les noms des salariés sur leur mail après le 1er novembre et les accès aux outils et aux sharepoints ne seraient pas modifiés.

Pour l’organisation dans les bâtiments, la direction n’envisage pas pour le moment de mouvements de salariés pour regrouper selon les entités. Il y aura donc des bâtiments Renault, des Ampere et des mixtes. Pour l’accès à chacun des bâtiments, la direction indique qu’elle en profitera pour mettre à jour les accès de chacun et qu’il y a déjà des bâtiments qui ne sont accessibles qu’aux salariés qui y travaillent...

La découpe du Groupe est une opération financière : pour la direction générale, c’est aux opérationnels de se plier à ce choix et aux conséquences qui en découlent. Le discours actuel, c’est que tout est fait par les RH pour que « rien ne change » (alors que tout va changer...). Ce n’est pas aux salariés de payer les conséquences des choix financiers. Face à la découpe, que nous soyons Renault ou Ampere, pas un droit ne doit se trouver pénalisé. Alors, restons unis : Renault, Ampere, prestataires, faisons preuve de solidarité, appuyons-nous sur la force du collectif !